Cette réflexion consistant à assimiler le mariage à un voyage, je me la suis faîte quelques jours après la cérémonie qui m’a liée à Anaïs, le 15 septembre 2018. Nous qui avons pris goût aux voyages et à la découverte d’autres cultures depuis que Paris nous a enlacé, il n’en fallait pas moins pour que l’idée d’un article associant mariage et voyage ne me vienne. Je vous le livre donc ici, brut de fonderie.

Il n’est pas rare d’entendre et de lire que les voyages, et plus particulièrement les séjours au long cours durant plusieurs mois voire plusieurs années, changent une vie. Il est vrai, la parenthèse d’un tour du monde amène indéniablement son lot de questionnements et de réflexions quant à nos façons de vivre occidentales : nos petits tracas hebdomadaires deviennent vite insignifiants et ridicules à côté de ce qu’endurent au quotidien certains individus et populations à l’autre bout de la terre. L’argent, les possessions matérielles, les problèmes au travail… tout cela n’est-il pas dérisoire en fin de compte ? Tout cela n’est-il pas de la poudre aux yeux lorsque l’on vit l’expérience d’être accueilli par une famille sans-le-sou à plus de 10000 km de chez soi, pour passer la nuit sous son toit ? Tout ce qui compte dans la vie n’est-il pas, au final, de vivre le moment présent, heureux et libre ?

Sortie d'église pour le mariage d'Anaïs et Cédric à Monein

Nos décisions et nos choix de parcours rythment nos vies. Selon moi, voyager permet d’apprécier plus intensément encore chaque moment de bonheur. Et c’est en ce sens que j’ose le parallèle du voyage avec le mariage. Décider de partir séjourner dans un autre pays, se familiariser avec sa culture, ses traditions, son histoire, découvrir ce qu’il a de plus beau à offrir.. cela se prépare. On achète des guides, on lit des magazines, on surfe de blogs en blogs, et on note tout ce qui nous paraît important. Pendant cette phase préparatoire, on élabore un carnet de route, à son rythme, pour que, le jour du grand départ, tout soit bien calé. Se marier est une aventure similaire, sans doute encore plus forte, et je vais tenter de vous expliquer pourquoi dans les paragraphes qui suivent.

Pourquoi un mariage rapproche le couple, la famille et les amis ?

Passée la demande en mariage à proprement parler, des questions plus terre à terre surviennent vite dans la tête des futurs époux : comment annoncer la nouvelle aux proches, aux amis, à la famille, quelle date choisir pour ce grand jour, où accueillir les invités, quand commencer les premiers essayages, quel traiteur prendre, comment choisir un bon DJ… Toutes ces interrogations, Anaïs et moi nous les sommes posées. Et quand on sait que cette liste n’est pas exhaustive, je vous laisse imaginer toutes celles que je n’ai pas relayé ici.

Un mariage se prépare. En avance. Un an avant en moyenne. Voire plus pour certains. Et pour cause, il n’y a que lorsque l’on y est soi même confronté que l’on se rend compte des multiples petits détails qu’il est nécessaire de régler pour que la cérémonie se déroule telle que les futurs mariés l’ont prévu. Durant les mois qui précédent l’échange des consentements, les préparatifs prennent une place énorme, pour ainsi dire tout le temps et toute l’énergie du couple. C’est l’effervescence. On se mobilise soi, mais aussi les copains, les copines, les futurs témoins, et la famille. A mon sens, l’erreur serait de vivre ce moment dans l’obsessionnalité. Certes, le mariage est considéré par beaucoup comme le plus beau jour d’une vie, mais le rêver plus que de raison est le meilleur moyen pour ne pas le vivre à sa juste mesure, le moment venu, avec bonheur et légèreté.

Se marier est à mon sens un des plus beaux voyages possibles. Son organisation est en premier lieu l’occasion pour le couple de se rapprocher. On en discute le soir autour de la table, chacun propose ses idées à l’autre, on échange, on s’écrit par texto dès que l’on pense à quelque chose tout en étant au travail.. bref, ces préparatifs à deux se vivent plus intensément. Attention, n’allez néanmoins pas croire que tout est beau dans le meilleur des mondes, surtout si les idées divergent sur de petits détails. Tout est affaire de compromis, mais impossible à mon avis d’échapper quelque peu aux coups de gueule et aux incompréhensions. Quoi qu’il en soit, au final, on est heureux de ce que l’on a accompli, et tant pis si tout ne se passe pas entièrement comme prévu le jour J.

En second lieu, je pense que se marier permet de se rapprocher également de la famille. Anaïs et moi avions émis le souhait de porter les faire-part de mariage à la majorité de nos invités. Pas que nous voulions économiser sur le prix du timbre (le coût du carburant étant plus élevé), mais l’idée de partager un moment autour d’un apéro ou d’un bon repas avec cousins, cousines, oncles, tantes et autres était à nos yeux bien plus convivial qu’un simple courrier reçu sans saveur. Aux vues des « obligations » et des vies de chacun, rares sont les moments où la famille entière est réunie : alors quoi de mieux que de porter en main propre notre invitation ? Pouvoir renouer avec certaines personnes pas vues depuis un certain temps, prendre des nouvelles des uns et des autres, passer un bon moment, tout simplement, tel était notre objectif. Là encore, l’idée d’un mariage à venir resserre les liens familiaux, qui plus est quand la parenté proche retrousse ses manches et s’investit, entre autres, dans la conception des décorations prévues pour le grand jour !

Photo de mariage avec les amis du couple

Enfin, il est indéniable que le mariage noue des affinités encore plus fortes avec les ami(es). Outre les témoins de chacun, les copains et copines jouent leur rôle à merveille : tantôt rassurants et encourageants, ils épaulent, donnent de leur temps, conseillent et aident pour que tout soit impeccable au moment du grand OUI. Les réunions secrètes, les rassemblements en petit comité, de même que les appels, les textos, les mails et les conversations privées faisant vibrer nos téléphones à tout moment en attestent : les vrais amis sont ceux qui s’impliquent de bout en bout, sans jamais rien attendre en retour. Et, de ce point de vue de là, Anaïs et moi sommes gâtés.

Le blues post-mariage, ou wedding-blues existe-il vraiment ?

On peut légitimement affirmer que notre mariage fut à la hauteur de nos espérances. Mieux encore, tout s’est déroulé sans accroc (en tout cas s’il y en a eu nous ne les avons pas vus) : le soleil était de la partie durant tout le weekend, les gens s’amusaient, rigolaient, souriaient, et les multiples surprises prévues pour nos invités, couplées à celles de nos témoins, ont contribué à faire de ce jour un moment de pur bonheur, convivial, jovial, le tout saupoudré de quelques moments émouvants et assaisonné d’annonces radicales.

Or, quand on connaît l’investissement et le temps passé à préparer une telle journée pour, au final, seulement quelques heures de festivité, l’effervescence et la joie peuvent assez vite laisser place à une sorte de nostalgie, de tristesse, de vague à l’âme, voire même de déprime. Là encore, j’ose le rapprochement avec le voyage : combien sont ceux (et j’en fais partie) qui, lorsque le séjour se termine, éprouvent cette difficulté à atterrir, cette difficulté à accepter que les vacances sont finies, et que la vie loin des contraintes journalières est terminée ? Le mariage, tout comme le voyage, est un ascenseur émotionnel : durant de longs mois, vous troquez votre vie habituelle, vous fourmillez de projets, vous avez soif d’aventures… et puis, du jour au lendemain, tout se termine. Brutalement.

Après la folle soirée, les invités partent. Chacun rentre chez soi, chacun regagne son foyer, ses occupations, on se remémore la journée d’heures en heures, on regarde les premières photos, mais, dès le lendemain, le réveil n’oublie pas de jouer son rôle pour vous forcer à sortir du lit afin de repartir au travail.

Une fois le mariage passé, je suis persuadé que tous les néo-mariés en sont passés par là à différents degrés : le processus de « deuil » commence une fois la fête terminée, plus ou moins intensément, plus ou moins long. Moi qui n’exprime qu’assez rarement mes émotions, je vis en général ces moments-là (comme les retours de voyage) relativement mal. Je sais que cela passe en général au bout d’un ou deux jours, et c’est la raison pour laquelle je m’efforce depuis quelques temps de convaincre mon esprit que le passé ne peut être changé et qu’il faut au contraire vivre intensément le moment présent.

Le blues post-mariage (ou wedding-blues comme le nomment les spécialistes) est une réalité dont j’ai été atteint, dès le lundi (moment où tous les accessoires sont notamment rendus aux prestataires). Pour Anaïs, ce fut 5/6 jours plus tard. Mais l’essentiel est d’avoir été unis, et réunis avec tous nos proches. Nous avons vécu des moments forts, qui resteront gravés dans les mémoires, et d’autres sont encore à venir. Le mariage ne doit en aucun cas être considéré comme l’aboutissement de tout. C’est au contraire, le point de départ de belles choses à venir et de nouveaux projets.

J’espère donc à travers ces lignes que vous aurez compris pourquoi je considère le mariage comme un voyage, et sans doute comme le plus beau de tous. C’est un merveilleux moment à vivre, à condition qu’il soit vécu comme tel. Je ne me souviens plus qui disait que « le propre des choses les plus belles, c’est qu’elles sont éphémères ». Je partage amplement cette idée, même si je considère que la vie, l’amour, le couple, la famille, les amis et les valeurs communes partagées avec eux sont plus forts encore que ces beaux instants passagers.